Alcor : Professeur Procyon ! Vous souhaitiez me parler ?
Pr.Procyon : Alcor ! Te voilà... Je sais qu'il est très tard, mais je dois t'entretenir
de choses de la plus haute importance...
Alcor : Aucun problème ! Je suis à votre disposition, Professeur !
Pr.Procyon : Avant tout... J'ai eu des nouvelles d'Actarus. Il a retrouvé Vénusia.
Je n'en sais pas plus, si ce n'est qu'il a pris la décision de retarder le départ de 24
heures...
Alcor : Vraiment ?!... J'en suis ravi... Je ne vous le cache pas... Pardonnez ma
franchise...
Pr.Procyon : Ne t'en fais pas ! J'ai compris... Bien ! Veux-tu me suivre à présent...
Alcor : où allons-nous Professeur ?
Pr.Procyon : La salle du cérébro-ordinateur...
Alcor, assez intrigué, emboîta aussitôt le pas du Professeur Procyon. Celui-ci resta
silencieux jusqu'à la fermeture du sas de sécurité isolant la salle du cérébro-ordinateur du
reste du Centre.
Le Professeur, avec tout le calme qui le caractérise, composa sur le tableau de bord un
code secret, des cartes électroniques lui furent alors restituées.
Pr.Procyon : Ces cartes électroniques renferment tous mes dossiers non-classés.
Ces dossiers n'ont fait l'objet d'aucun rapport de ma part à notre Ministère.
Officiellement, ils n'existent pas...
Alcor : Et puis-je vous demander quel est le contenu de ces cartes... ?
Pr.Procyon : La cartographie de la Nébuleuse de Véga, les caractéristiques géophysiques
originelles d'Euphor, les analyses A.D.N et les tests sanguins effectués sur Actarus...
Les plans détaillés de Goldorak, ainsi que toutes les données enregistrées lors des
différentes attaques.
Si j'opte pour un certain mutisme vis-vis à de mes pairs, c'est parce que je tiens à
poursuivre mes travaux en cours en toute sérénité, sans aucune pression ni main mise...
que ce soit de notre gouvernement ou de la NASA.
Alcor : Il y a autre chose, n'est-ce pas Professeur ?
Pr.Procyon : Malgré ton jeune âge, tu es perspicace Alcor...
Il est temps que tu connaisses toute l'histoire. Je vais te révéler ce que je dissimule
depuis des années...
Contrairement à ce qu'Actarus a toujours pensé, Goldorak n'a pas échoué par hasard sur la
planète bleue... et au Japon qui plus est...
Alcor : Comment çà...?
Pr.Procyon : Ne te méprends pas. Moi-même, ignorais totalement l'identité d'Actarus
lorsque je l'ai recueilli... C'est après avoir gagné sa confiance, qu'il me raconta son
histoire et la tragédie qu'il venait de vivre. Et, à ma grande stupéfaction, j'avais
devant mes yeux le fils de Feu le Roi d'Euphor...
Alcor : Le Roi d'Euhor ?! Vous en parlez comme si...
Pr.Procyon : ... Quelques mois auparavant, j'avais réussi à intercepter un code
interstellaire.
Alcor : Que dites- vous... ? Vous communiquiez avec le véritable Père d'Actarus...
Pr.Procyon : " Communiquer "... est un bien grand mot, cependant nous avons pu
échanger quelques données...
Je vais te poser une question Alcor...
Alcor : Je vous écoute Professeur...
Pr.Procyon : Voilà... Si un jour, tu avais le sentiment qu'une civilisation lointaine
et extraterrestre d'un niveau technologique et scientifique considérablement inférieur à
la tienne, tente d'en percer les secrets... Quelle position adopterais-tu ?
Alcor : Je pourrais envisager çà comme une menace éventuelle et essaierais de protéger
les miens... Disons que je garderais mes distances...
Pr.Procyon : Je me suis longtemps demandé quel intérêt, le Roi d'Euphor et son peuple
avaient, d'amorcer ce rapprochement avec les terriens que nous sommes...
Un acte désespéré ? Je n'y crois pas... Nous sommes bien inférieurs et nous aurions été
bien incapables de leur porter secours.
Il semblerait que les plus grands savants d'Euphor connaissaient depuis longtemps
l'existence et les spécificités du système solaire et de la Terre.
Si cette guerre n'avait pas eu lieu, ils auraient été à même de nous éclairer
sur le passé et le devenir de notre propre galaxie, les problèmes liés au réchauffement
climatique, les séismes et les grandes catastrophes naturelles qui ont jalonné l'Histoire
de l'humanité...
Alcor : Mais nous savons tous qu'Euphor a été anéantie...
Pr.Procyon : Goldorak a été conçu et réalisé par les ingénieurs les plus obtus de
la sinistre Division Ruine, aidés dans leurs travaux par certains scientifiques d'Euphor,
sûrement contraints et forcés pour ces derniers...
Tout porte à croire que Goldorak ait reçu à un moment donné, les coordonnées de la Terre...
ce qui a sauvé Actarus d'une mort certaine et lui a permis de se réfugier parmi nous,
tout comme Phénicia...
Le frère et la sœur, par des procédés différents, ont été séparément " catapultés " sur la
planète bleue... et au Japon.
Alcor : A quoi pensez-vous Professeur ? Pourrait-on établir un parallèle avec la tragédie
qu'a vécue le peuple d'Actarus et... Hiroshima ?
Le Roi d'Euphor aurait-il volontairement choisi le Japon pour une meilleure compréhension
mutuelle... ?
Pr.Procyon : Ce serait une hypothèse assez radicale et réductrice... et cela
signifierait qu'il connaissait déjà l'issue fatale pour son peuple...
Alcor : Phénicia, sa fille, a elle aussi un pouvoir extra-sensoriel... ne l'oubliez pas...
Pr.Procyon : Véga a voulu diviser pour mieux régner et refusa tout rapprochement entre
les deux peuples alors que l'union du Prince d'Euhor et de Végalia aurait pu contribuer à
la paix...
Quel message a voulu nous délivrer le Roi en nous envoyons ces enfants... ?
Le Professeur Procyon, les yeux clos, se tut quelques instants, il gardait dans ses mains
les cartes électroniques.
Pr.Procyon : Alcor... Je ne voudrais pas que toutes ces informations puissent tomber
un jour entre les mains de scientifiques peu scrupuleux...
J'ai besoin de temps... et si je devais disparaître avant d'avoir pris quelque décision,
qui d'autre que toi, pourrait prendre ma relève... et en assurer l'entière sécurité ?
Alcor : Professeur... Ce serait pour moi un très grand honneur...
Je vous jure sur ma vie d'empêcher quiconque, fut-ce un Terrien, de nuire directement ou
indirectement à Actarus et Phénicia !
Pr.Procyon : J' ai choisi depuis le début de dissimuler la véritable identité d'Actarus.
Dans la même optique, si ces dossiers risquaient d'entraver un jour, la paix universelle,
qu'ils soient détruits... C'est là mon seul testament...
Alcor : Votre volonté sera faite... Professeur.
Mais en attendant... que le ciel m'accorde d'être le premier terrien à explorer la
Nébuleuse de Véga... Voilà mon prochain objectif !
Pr.Procyon : Alcor... Ton enthousiasme fait plaisir à voir mais, nous n'en sommes qu'aux
balbutiements de la conquête spatiale ! Tu as trop souvent tendance à l'oublier.
Seul Goldorak, pourvu de son Mégamach, autorise pour le moment, un tel voyage...
Alcor : Rien ne viendra me décourager, ni entraver ma route. Je vais travailler nuit et
jour s'il le faut sur Alcorak 2 !
Pr.Procyon : Actarus et Phénicia sont tellement heureux à l'idée de retrouver leur chère
planète, alors que c'était inespéré... Euphor revivra plus belle que par le passé...
je n'en doute pas...
Alcor : Phénicia...
Pr.Procyon : Alcor... Sans Goldorak, il nous faudra des années... peut-être même plus
avant de...
Alcor : Non, Professeur... Ils ne nous laisseront pas tombés, on a trop besoin d'eux...
La Patrouille des Aigles doit aller de l'avant ! C'est main dans la main que nous avancerons
un peu plus chaque jour... L'union fait la force, c'est l'essence même de toutes vos
convictions qui sont devenues les miennes !
Pr. Procyon : Alcor... Ce que je veux te dire, c'est qu'Actarus et Phénicia ont une tâche
énorme à accomplir... Nous les reverrons un jour, mais... il faudra leur laisser du temps.
Le visage d'Alcor s'obscurcit et ses yeux se mirent soudain à briller comme autant
d'étoiles lointaines.
- " Je... Je ne suis qu'un imbécile... " chuchota t'il.
- " Alcor ? Est-ce que çà va ? J'ai dit quelque chose de mal ? " demanda le Professeur
Procyon, tout à coup désemparé.
- " ... Non. J'ai bien peur de m'être fourvoyé... Je viens à peine de le réaliser..."
répondit-il à demi mot en quittant les lieux en courant.
Le jeune homme en plein désarroi manqua de bouscula Phénicia, qui lasse de l'attendre,
était venue à sa rencontre.
- " Eh ! Alcor ! Attention ! mais où vas-tu si vite ! Attends-moi... " lui dit-elle.
- " J'ai besoin d'air ! " cria t-il.
- " Nous n'avons pas fini notre conversation ! Que voulais-tu me dire quand Actarus nous a
interrompu ?! " demanda Phénicia.
- " Rien d'important ! " lança t-il en se retournant vers elle.
- " Ah oui ? Et cette bague... que tu m'as offerte, Alcor ? " insista Phénicia.
- " Cette bague ?... Et bien, tu vois... tu n'as qu'à la garder en souvenir de
cette bonne vieille Terre. C'est toute la valeur qu'on peut lui accorder ! "
- " Tu n'es qu'un idiot !.. " rétorqua Phénicia en giflant violemment le jeune homme.
Celui-ci détourna son regard et partit en courant.
- " Alcor !!! Je n'en veux pas de ta bague... ! Tiens... " continua Phénicia en
s'apprêtant à jeter la bague en direction du jeune homme, mais son geste fut stoppé par
la main du Professeur Procyon, qui avait assisté, malgré lui à la scène.
- " Phénicia ! Alcor !... Pour l'amour du ciel, mais qu'est ce qu'il vous prend ?!! "
dit-il.
- " Alcor me déteste... " répondit Phénicia dans un sanglot.
- " Laisse-le... il va se calmer... il reviendra... " objecta d'une voix posée et
rassurante le Professeur Procyon à la jeune Phénicia.
* * * * *
Alcor s'était réfugié dans l'écurie du ranch. L'air mélancolique, il était assis là dans
l'obscurité, les minutes, les heures s'égrenaient, il restait prostré. Une lumière vive
vint tout à coup le sortir de sa léthargie.
Mizar : Alcor ! C'est toi ?
Alcor : Mizar ?! Eteins cette lampe bon sang ! Tu m'éblouis... !
Mizar : Tu m'as fichu la frousse, Alcor ! J'ai failli te prendre pour un voleur...
Mais qu'est-ce que tu fais tout seul dans le noir ?!
Alcor : Et toi ? Tu devrais déjà dormir à l'heure qu'il est !
Mizar : J'suis venu voir les chevaux ! Ils sont drôlement agités avec cet orage...
Et puis... je n'ai pas sommeil de toutes façons...
Alcor : Ne t'inquiète pas pour ta sœur ! Actarus l'a retrouvée. Elle va bien.
Mizar : Ah ! C'est pas trop tôt !
Alcor : Hein ?!
Mizar : Tu crois que Vénusia va me disputer ?
Alcor : Pourquoi ?
Mizar : Ben... Elle m'avait donné une lettre pour Actarus... Tiens ! Regarde...
Je l'ai dans ma poche...
Alcor : Pourquoi ne lui as-tu pas donné ?
Mizar : J'ai pensé qu'ainsi... Actarus s'inquièterait davantage de sa disparition.
Alcor : Toi, t'as oublié d'être bête ! Et on peut dire que ton plan a fonctionné...
Mizar : Vous, les adultes, vous êtes vraiment compliqués ! Vous dîtes toujours le
contraire de ce que vous pensez ...
Alcor : Grandis pas trop vite, p'tit gars !
Mizar : Alcor... pourquoi tu pleures ?
Alcor : T'es malade ! J'ai une poussière dans l'œil !
Mizar : T'es triste parce que Phénicia s'en va...
Alcor : J'en ai rien à faire figure-toi !
Mizar : J'suis sûr qu'elle est très triste elle aussi...
Alcor : J'suis pas triste ! Tu entends ! T'es vraiment insupportable quand tu t'y mets !
Mizar : Alcor... Tu vas rester avec nous n'est-ce pas ?
Alcor : Evidemment ! ... Le professeur a besoin de moi au Centre !
Mizar : Tu me le jures ?
Alcor : Croix de bois, croix de fer...
Mizar : Dis Alcor... Et s'ils ne revenaient pas... ? S'ils nous oubliaient... ?
Alcor : Impossible ! Ils reviendront nous voir ! Je le sais !
Mizar : Sinon, on ira les chercher à bord de l'Alcorak 2, et moi, je serai ton copilote !
Alcor : Rien que ça !
Mizar : Toi aussi Alcor t'es un Héros ! T'es le plus courageux et le plus fort des Terriens !
Alcor : ... Pff
Phénicia : Il a raison !
Alcor se retourna brusquement et aperçut dans l'entrebâillement de la porte, la frêle
silhouette de Phénicia.
Mizar : Bon ! Salut les jeunes ! Moi, j'me sauve !!!
Alcor : Quel numéro celui là !!!
Phénicia : On dit que la vérité sort de la bouche des enfants...
Alcor : On dit beaucoup de choses...
Phénicia : Je peux m'asseoir à côté de toi... ?
Alcor : Si tu veux... mais, ce n'est pas très confortable...
Phénicia : Alcor... Je ne peux pas laisser Actarus. C'est mon frère, je me dois d'être
à ses côtés pour l'aider dans sa tâche...
J'étais si jeune lorsque j'ai dû quitter Euphor... J'ai l'impression d'avoir eu deux vies...
Et j'ai besoin à présent de retrouver mes racines... J'aimerais tellement que tu comprennes...
Alcor : Je perds les deux personnes que j'aime le plus au monde... Ne m'en demande pas trop
pour le moment...
Phénicia : C'est moi qui ai l'impression de te perdre lorsque tu parles ainsi.
Alcor : Je suis désolé... C'est tout ce que je peux te dire...
Phénicia : Alcor... Cette bague que tu m'as offerte, elle est magnifique...
Alcor : Pardonne-moi pour ce que je t'ai dit... Je n'en pensais pas un mot...
J'étais juste furieux... furieux contre moi-même...
Phénicia : Mais pourquoi ?
Alcor : Parfois je prends mes rêves pour la réalité... J'agis et je réfléchis après coup.
C'est tout moi...
Phénicia : J'ai moi-aussi un cadeau pour toi... Alcor !
Alcor : Vraiment ?
Phénicia enleva le médaillon de son cou. Elle saisit la main d'Alcor et d'un geste
gracile mais assuré, elle y déposa le précieux objet.
Alcor : Mais qu'est-ce que tu fais ?! C'est ton médaillon !
Je ne peux pas accepter ce cadeau, voyons ! L'emblème de la famille royale d'Euphor... !
C'est grâce à ce pendentif que tu as pu retrouver Actarus !
Phénicia : C'est exact ! Ce médaillon m'a permis de retrouver mon frère, et de te connaître...
Alcor. Alors, garde-le précieusement ! Il te ramènera à moi. J'en suis sûre.
Alcor : Mais je... Je ne crois pas mériter un tel cadeau.
Phénicia : Au contraire. Si la bague que tu m'as offerte a autant de signification que
je le crois, tu dois l'accepter...
Les doigts d'Alcor se refermèrent sur le médaillon. Phénicia acquiesça d'un sourire.
Alcor : Il ne me quittera pas ! Je le jure sur ma vie.
Phénicia : En gage de nos retrouvailles...
Alcor : Je me sens stupide... Je ne suis pas très doué pour les grands discours...
Phénicia : C'est inutile... On peut lire sur toi comme dans un livre ouvert.
Alcor : Comment ça ?!! Tu n'as pas le droit d'utiliser tes pouvoirs afin de lire dans
mes pensées !
Phénicia : Ce n'est pas une question de pouvoirs Alcor ! Allez ! Viens maintenant !
Cet endroit est vraiment trop lugubre pour moi !
Alcor : où veux-tu aller ?
Phénicia : Une dernière ballade à moto ! ça te dit ? Et cette fois, je vais te montrer
comment on pilote !
Alcor : Quoi ?! T'es malade ! Avec un temps pareil !
Phénicia : Et alors ?! Tu t'encroûtes déjà ? ou bien je te fais peur ?!
Alcor : Tu plaisantes ! Si tu crois que tu m'impressionnes !
Phénicia : On est déjà parti ! Et tu as intérêt à t'accrocher, car ça va décoiffer, je
te préviens !
Alcor : Oui et bien, vas-y doucement quand même ! Je n'ai pas envie de rendre des comptes
à Actarus !
Cette fille... Elle me fera mourir !
A Suivre...