Alcor et Phénicia arrivaient, en cette fin d'après-midi d'une de leurs innombrables et
interminables promenades en moto. Le temps était menaçant et des gouttes éparses
commençaient à tomber.
Phénicia : Ouahou !!! Alcor ! On arrive à temps !
Alcor : Je te l'avais dit ! Tu ne trouveras pas de meilleur pilote dans la région !
Phénicia : Quel prétentieux tu fais... ! Je peux en faire autant ! Tu veux que je te
montre ?!
Alcor ne répondit pas, il restait étrangement silencieux.
Phénicia : Depuis quand ne réponds-tu pas à mes provocations ! Ce n'est plus drôle...
Alcor : Je me remémorais l'équipe de choc que nous formions... Ah ! c'était quelque
chose !
Phénicia : Pourquoi parles-tu au passé ? Tu as l'air bien nostalgique...
La patrouille des aigles existera toujours...
Alcor : Rien ne sera pareil sans vous deux...
Je me demande ce qui se serait passé si
Végalia n'était pas intervenue et n'avait pas fait ces révélations sur le devenir
d'Euphor... Je suis le pire des égoistes... n'est-ce pas ?
Phénicia : Alcor... Nous repartons dans quelques heures... mais rien n'est fini...
Tout commence au contraire... On se reverra....
Alcor, d'un tempérament assez fougueux et extraverti, semblait en effet d'humeur maussade
ces derniers temps, ce qui ne lui ressemblait guère.
Il était en quelque sorte déchiré entre l'euphorie de la victoire qu'ils avaient tous les quatre emportée sur la Division
Ruine, et le départ imminent d'Actarus qu'il avait toujours considéré comme son frère.
En outre, il n'échappait à personne que Phénicia, la sœur retrouvée du Prince d'Euphor
occupait une place de plus en plus importante dans le cœur d'Alcor.
- " Alcor ! Tu m'attendras ?... " demanda soudainement Phénicia.
- " Hein ... ? Mais.. oui, euh... évidemment... quelle question... ! " répondit-il
quelque peu embarrassé par la question sans détour de la jeune et pétillante Phénicia.
Phénicia : Alcor, s'il te plait ! arrête de prendre cet air de chien battu... Tu ne vas
pas devenir aussi rabat-joie que mon frère ?!!
Phénicia tourna le dos à Alcor et se mit à scruter le ciel
Alcor : Phénicia... Qu'est-ce que j'ai dit de mal... ?
Phénicia : J'ai besoin de savoir quelque chose... Qu'éprouves-tu exactement pour Vénusia... ?
Sois sincère... Il faut que je sache...
Alcor : Vénusia... ? Et bien , j'ai beaucoup d'affection pour elle, mais comme une amie
en tout cas...
D'accord, j'admets qu'à une certaine époque... comment dire... ?
Phénicia : Tu as eu des sentiments pour elle... Je m'en suis aperçue dès mon arrivée au Ranch...
Alcor : Ces sentiments se sont estompés et ont laissé place à une grande amitié.
Elle n'a toujours vu que par ton frère... " Actarus par-çi, Actarus par-là.. "
C'est vrai, son comportement me tapait sur les nerfs... Il n'y avait que lui qui comptait...
Et le comble, vois-tu, c'est que lui... n'a jamais rien vu... il est toujours resté impassible...
Vénusia... Finalement, je la plains... On peut dire qu'elle s'en est vue de toutes les couleurs ! Elle a beaucoup souffert et souffre encore de l'indifférence de ton frère...
Phénicia : Actarus n'est pas un être aussi insensible...
Alcor : Peut-être... Mais çà ne m'a pas empêché de lui dire ses quatre vérités...
Phénicia : Tu t'es vraiment disputé avec lui ?
Alcor : C'était juste après la mort de Végalia...
Phénicia : Pourquoi ne m'as tu rien dit... Alcor ? Que s'est-il passé ?
Alcor : J'admets que je n'ai sans doute pas choisi le moment...
J'étais énervé et je me suis emporté... Il fallait que çà sorte un jour ou l'autre de toutes façons ! Que veux-tu... Je suis comme çà...
Phénicia : J'y suis ! C'est le soir en question où je t'ai vu revenir avec le visage
en sang ?!!
Tu t'es battu avec Actarus ?! Non... j'ai du mal à le croire...
Alcor : J'ai vidé mon sac et il n'a pas apprécié, c'est le moins que l'on puisse dire...
Phénicia : Qu'est-ce que tu as bien pu lui dire pour le pousser à bout ?
Alcor : C'était notre première altercation... Non ! La deuxième en fait... nous avions déjà failli en venir aux mains, il y a longtemps... toujours à cause de Vénusia...
Nous étions partis campés au bord du lac, c'était bien avant ton arrivée... Mais, rien à
voir avec ce qui s'est passé dernièrement ....
FLASHBACK...
C'était le crépuscule, Actarus venait de rentrer les chevaux. En proie à sa mélancolie presque
chronique, il s'était attardé dehors et semblait accompagner le coucher du soleil en jouant
quelques notes sur sa guitare, si bien qu'il n'entendit pas venir son ami Alcor.
Alcor : Actarus ! tu es encore là ?!
Actarus : Ah ! Alcor ! y-a t'il une nouvelle alerte ?
Alcor : Non, rassure-toi...
Visiblement, Alcor avait quelque chose sur le cœur et le connaissant parfaitement Actarus
s'en enquit aussitôt auprès de son ami.
Actarus : Qu'est-ce qu'il y a Alcor ? Tu fais ta tête des mauvais jours ou je me trompe ?
Alcor : Tu te crois drôle, peut-être... Tu es loin de l'être mon vieux !
Actarus : Alors vas-y parle ! Je t'écoute mais fais vite... Je ne suis pas d'humeur
aujourd'hui...
Alcor : çà tombe bien, moi non plus figure-toi !
Tu vois, il y a un truc qui m'échappe... D'abord, tu étais soi-disant fiancé avec Aphélie...
Et l'autre jour, tu m'apprends que tu devais épouser Végalia, et
que cette union aurait dû être un symbole de paix entre ton peuple et celui de Véga...
Actarus : Le sujet est désormais clos, Alcor ! Et de toutes façons, cela ne te regarde en
rien !
Alcor : Vénusia est aussi mon amie ! Alors, çà me regarde ! Tu entends ?!!
Actarus : Quel rapport ?!
Alcor : Tu oses encore me demander çà ?!!
Actarus : Fiche-moi la paix Alcor !
Alcor : Je vais être direct Actarus !
Tu vas parler à Vénusia, une bonne fois pour toutes !
Si tu n'éprouves absolument rien pour elle, dis-le lui en face !!!
Actarus : Attention Alcor ! Tu dépasses les bornes ! Ou bien tu es ivre !? C'est çà ?
Alcor : C'est toi qui dépasses les bornes, Actarus ! Tu ne vois donc pas ce que tu lui
infliges ?!
A quoi d'autre doit-elle encore s'attendre ? Ou à qui plutôt ?!
Actarus, excédé, asséna un violent coup de poing à Alcor qui buta contre la barrière de
sécurité du Ranch et se retrouva finalement à terre, le nez en sang. Loin d'être calmé,
celui-çi se releva. Ce coup, porté par Actarus, semblait n'avoir fait qu'exacerber sa fureur.
Il tituba vers ce dernier, inerte et abasourdi par la réaction excessive qu'il venait
d'avoir. Alcor se jeta sur lui et empoigna vigoureusement le col de sa veste.
Alcor : Je te préviens Actarus....
Actarus : Va-t'en... Alcor !
A cet instant, surgit le Pr Procyon. Celui-çi était à la recherche d'Actarus, il
s'inquiétait des derniers évènements survenus alors, qui s'ajoutaient un peu plus au
traumatisme de son fils adoptif maintes fois éprouvé.
Pr.Procyon : Alcor ! Actarus ! Arrêtez ! Vous êtes devenus fous ma parole !
Alcor : Laissez-nous Professeur !
Pr.Procyon : Ce spectacle me déçoit fortement ! Vous croyez que cette maudite guerre
n'a pas assez fait de dégâts ?!! Qu'est-ce qui vous prend de vous battre comme de
vulgaires chiffonniers ?!!
Alcor relâcha le col de la veste d'Actarus en repoussant celui-çi dans la foulée.
Alcor : J'en ai marre de recoller les morceaux... Tiens-toi le pour dit !
Actarus : Je suis désolé Alcor... J'ai perdu tout contrôle... Je ne voulais pas te frapper.
Pr.Procyon : Comment ?!... C'est toi, Actarus qui...
Le Pr.Procyon était sidéré par la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux. En effet,
Actarus était l'être le plus pacifiste qu'il ait jamais connu. Il haissait cette guerre
qu'il avait été contraint de mener. Tout ce qu'il souhaitait, c'était d'épargner aux
terriens ce que son peuple et les siens avaient subi de l'envahisseur.
Alcor : Bonsoir professeur.
Pr.Procyon : Considérons ce qui vient de se produire comme un regrettable et déplorable
incident... Je ne tolèrerai plus ce genre de comportement ...
Actarus : Toutes mes excuses, Père...
Pr.Procyon : Actarus... Nous devrions avoir une conversation, il s'est passé beaucoup de
choses récemment et...
Actarus : Père, tu t'inquiètes beaucoup trop pour moi. Je vais bien. Laisse-donc le temps
faire son œuvre. Tu devrais rentrer, je te rejoins bientôt...
Pr.Procyon : Ne tarde pas trop mon fils...
* * * * *
Alcor : J'ai eu des paroles blessantes envers Actarus. Je n'en suis pas fier.
Phénicia : Voyons Alcor... Je suis sûre qu'il ne t'en tient pas rigueur.
Et puis cette guerre nous a tous affectés à des degrés différents et nos émotions s'en
trouvent exacerbées.
Alcor : Avec le recul... ma réaction était vraiment démesurée...
Phénicia : Elle fut pourtant la conséquence de quelque chose ? N'est-ce pas ?
Alcor : Lorsque Végalia vécut ses derniers instants auprès de ton frère...
Vénusia était là... pas très loin, dissimulée derrière un arbre...
Phénicia : Végalia était mourante...
Alcor : ... et Actarus était en larmes, il la tenait dans ses bras... Végalia a eu juste le
temps avant de s'éteindre, de révéler à ton frère l'emplacement exact du Camp de la Lune
noire... C'est grâce à elle bien-sûr, que nous avons pu porter le coup fatal à la Division
Ruine...
Quant à moi, je suis arrivé in-extrémis pour empêcher le général Horos de les achever tous
les deux... car Actarus n'était plus en état de réagir.
Vénusia n'aurait jamais dû se trouver là et assister à cette scène particulièrement
poignante.
Phénicia : C'est vrai. Vénusia ne semble plus être elle-même depuis ce jour-là...
Alcor : Phénicia... Si tu l'avais vue... Elle était tétanisée ... Ce qu'elle voyait,
la fascinait et la détruisait à la fois...
FLASHBACK... / Fin de l' épisode no 72 : " La princesse Amoureuse "
Alcor : Vénusia ! Arrête ! Tu te fais du mal à rester ici ! Viens avec moi...
Vénusia : Laisse-moi Alcor ! J'ai besoin de rester seule... Va t-en... s'il te plait...
Le jeune Alcor, très ému par toute la peine qu'éprouvait Vénusia durant cet instant
dramatique, s'approcha d'elle et lui prit sa main déjà tremblante.
Alcor : Tout est fini, Vénusia. On rentre...
Vénusia : J'ai si mal Alcor.
Alcor : Je sais Vénusia... Je sais. Mais je suis là maintenant...
Vénusia, anéantie par la douleur éclata en sanglots dans les bras du jeune Alcor.
Vénusia : Je me sens si stupide... Alcor !
Alcor : Non, tu ne l'es pas !
Vénusia : Je te jure que j'ai vraiment essayé, mais c'est plus fort que moi...
Alcor : Tu n'y peux rien...
Nul ne peut lutter contre ses propres sentiments, Vénusia. Cesse de te retourner... Regarde plutôt devant toi...
Vénusia : Que veux-tu dire Alcor ?
Alcor : Actarus va avoir besoin de ton soutien maintenant...
Végalia, tout comme Aphélie, leurs histoires s'écrivent désormais au passé...
Toi, Vénusia, tu es là... ton cœur bat...
Tout commence à peine...
A Suivre...